MON ÂME EXALTE LE SEIGNEUR

Publié le par Jean-Claude Alleaume

« PAR L’ESPRIT SAINT IL A PRIS CHAIR DE LA VIERGE MARIE ET S’EST FAIT HOMME ». Ces paroles de notre profession de foi se rapportent à l’accomplis­sement de notre salut par Jésus Christ : ”Quand vint la plénitude des temps, écrit saint Paul, Dieu envoya son Fils, né d’une femme, né sujet de la loi, afin de racheter les sujets de la loi et de nous conférer l’adoption filiale” (Ga 4, 4-5). Aussi bien, pour parler correctement de Marie, nous devons nous référer à Jésus Christ. Et pour nous mettre dans la juste la perspective du salut, nous devons garder à l’esprit le mystère de l’Incarnation : pour nous sauver, le Fils de Dieu ”a pris chair de la Vierge Marie et s’est fait homme”.

 

Sauver signifie : délivrer du mal. Du mal quel qu’il soit. Mais le mal radical dont le Christ nous sauve, c’est le péché et sa conséquence extrême, la séparation d’avec Dieu en qui, seul, nous pouvons trouver l’accomplis­sement de nos aspirations les plus profondes. C’est ainsi que la foi fait naître en nous l’espérance que nous professons à la fin du Credo : « J’attends la résurrection de la chair et la vie du monde à venir ». Cependant, ce que nous attendons encore en espérance, Jésus l’a déjà accompli pour sa Mère : dès qu’elle a eu fermé les yeux sur l’exis­tence d’ici-bas, elle a été élevée au ciel pour vivre dans la gloire de son Fils.

 

La foi de l’Église forme un tout, et c’est dans ce tout organique que nous pouvons approcher l’Assomption de Marie. Remontons aux origines. Dieu nous a créés pour le bonheur. Il ne nous a pas créés pour le malheur, puisqu’il est ”Amour” (1 Jo 4, 8). Il nous a donné la liberté, qui fonde notre personnalité par les choix que nous faisons tout au long de l’existence. Or, comme l’expérience nous l’apprend, la liberté que nous avons reçue de Dieu est totale, au point même qu’il nous arrive de nous retourner contre lui. C’est ainsi qu’à l’origine, l’homme s’est détourné de Dieu. Il a voulu décider par lui-même ce qui convient à son bonheur. Entre la créature et son Créateur, se produisit alors la rupture, et c’est précisément cela que la réflexion théologique de l’Église sur la révélation biblique appelle : le péché originel  ou héréditaire. C’est à cause de ce péché que le Fils de Dieu a « pris chair de la Vierge Marie » et a donné sa vie « en rançon pour la multitude » (Mt. 20, 28).

 

Illustration : Le Couronnement de la Vierge Marie, par Raphaël (Wikipedia)

Dans le récit biblique, cette rupture des relations entre l’homme et son Créateur est cependant suivie de la promesse du salut (Gen 3, 15). L’espérance que Dieu accompli­rait sa promesse a occupé le cœur du peuple juif durant des siècles, jusqu’au jour où l’ange dit aux bergers de Bethléem : « Je vous annonce une grande joie, qui sera celle de tout le peuple : aujourd’hui, un Sauveur vous est né, qui est le Christ Seigneur » (Lc 2, 11). C’est pour ce jour de grande joie que Dieu a préparé Marie à devenir la Mère de son Fils. L’ange Gabriel la salue respectueusement : « Je te salue, Marie, pleine de grâce ! » (Lc 1, 28). Elle en est toute bouleversée, mais c’est un fait : elle est « comblée de grâce ». Se pouvait-il que la Mère de l’Agneau immaculé fût elle-même atteinte par le péché ? C’est pourquoi, par une grâce absolument unique et par anticipation du salut que son Fils allait accomplir sur la Croix, Dieu l’avait préservée de toute trace de péché. Elle est l’Immaculée-Conception. On peut bien dire que, ce jour-là, la destinée de l‘humanité était suspendue à la réponse que Marie ferait à l’ange. Elle répondit en effet : « Je suis la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon ta parole ». Dans l’humble maison de Nazareth, par delà des siècles d’attente, cette libre adhésion à la volonté de Dieu révoquait déjà la méfiance de l’antique Adam envers son Créateur.

 

Après le dernier repas qu’il prit avec ses disciples, le soir du Jeudi saint, juste avant de se rendre au jardin des Oliviers pour commencer sa passion, Jésus s’offrit à son Père et pria pour ses disciples : « Père, dit-il, ceux que tu m’as donnés, je veux que là où je suis ils soient avec moi, eux aussi, et qu’ils contemplent ma gloire, la gloire que tu m’a donnée avant la création du monde » (Jo 17, 24).

 

« Avant la création du monde », dit Jésus... Nous voici revenus, si je puis dire, à notre point de départ. N’ayant pas été atteinte par le péché, Marie n’en devait pas subir les conséquences. De plus, c’est elle qui a permis au Fils de Dieu de se faire le Fils de l’Homme pour racheter le monde. En retour, pouvait-il faire moins pour elle ?… Dès qu’elle a eu fermé les yeux sur l’existence de la terre, son Fils l’a prise auprès de lui dans sa gloire, pour l’éternité. 

Bonne fête de l’Assomption ! n

Publié dans Éditoriaux

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article